La sémantique routière rivalise avec la doctrine politique. « Freiner » la pandémie, « accélérer » la vaccination sans re-confiner, ni même confiner, en empruntant cette « voie »… Ainsi, pour les puristes du mot, grâce à l’usage de cette providentielle « troisième voie », le deuxième confinement restera-t-il définitivement, le second ?

Cette voie est-elle celle du désormais « dépassement » promis à remplacer le « en même temps » du premier des marcheurs ?

Nous faire (encore) marcher en prenant cette « troisième voie » qui, pour les politiques, serait une nouvelle potion magique mélangeant social-démocratie et libéralisme. Mais ces chimistes au pouvoir, sont-ils bien sûrs des proportions nécessaires ? Potion magique ou tragique ?

La métaphore routière mérite là d’être rappelée. En France, la voie du dépassement est celle de gauche. Dépasser à droite est dangereux, sauf, lorsqu’on est contraint de s’arrêter sur la voie… d’arrêt d’urgence.

Habilement revendiquée par Tony Blair, cette doctrine politique a été intelligemment théorisée par Anthony Giddens. Emmanuel Macron dans les pas de Blair -lui qui n’en manque pas- ? A force de se demander d’où vient Jupiter difficile de savoir où il va ? Voie lactée ou pavée de bonnes intentions, impasse ou rond-point, autoroute ou auto-déroute…? Une chose reste en revanche certaine après les deux discours sans confinement de Monsieur Castex, la « troisième voie », la seule qui vaut et gouverne seule, reste celle du Président Macron. Pour les prochains exercices des remarquables spin docteurs qui accompagnent le Président, ils vous restent : l’entrée dans la quatrième dimension, le complot de la cinquième colonne déguisée en « deuxième gauche », ou encore, revendiquer la force de votre sixième sens, sixième sens qui serait tout simplement le bon sens. Mais attention, rappelez-vous « en même temps » que l’orgueil est un des sept péchés capitaux. « Troisième voie », il y a le mot et la chose.

Robert ZARADER