Interviewé par le média Les influences, le Président de Bona fidé Robert Zarader revient sur sa tribune au Monde du mois de juillet, consacrée à ce qu’il décrit comme « la société du renoncement ».

Le 29 juillet, vous avez publié une tribune dans Le Monde intitulée « Nous en sommes en plein dans une économie et une société du renoncement ». La contamination est-elle générale ?

Le renoncement n’est plus un concept, mais une évidence pour moi. Dans le domaine de la santé, 1 Français sur 3 renonce désormais à se faire soigner, et pas uniquement pour des raisons financières. On observe de plus en plus de renoncement dans  le domaine de ses propres droits sociaux : trop compliqués à obtenir, trop lointains. Et ce qui pose un problème dramatique, un renoncement démocratique.

2. N’y aurait-il pas un bon renoncement comme un bon cholestérol. L’abstention massive aux élections, après tout, ne serait-elle pas le refus d’une démocratie low cost ?

Il y a peut être une dimension intelligente du renoncement, mais observons qu’ aux élections, on vote plutôt contre que pour. Il est des formes de renoncement désirables, que d’aucun apparente à de vrais choix. Ainsi ce que l’on appelle depuis cet été, la « Grande évasion », mais qui, d’une certaine manière, sont des fuites individuelles de l’emploi et un renoncement à faire société et avancer la démocratie sociale. Une génération a renoncé au monde ancien, mais ne visualise pas le le monde de demain, vécu comme une faillite. Démobilisation générale !

Je ne suis pas de la chorale de celles et ceux qui estiment inutile, le Conseil National de la Refondation. Mais il ne faudrait pas que cela devienne le face-à-face de la macronie Vs élus locaux et syndicats. Il ne faut pas renoncer aux ressources de la démocratie, qu’elles soient participatives ou représentatives. Que la NUPES renonce à son spectacle permanent à l’Assemblée nationale,  et tout le monde verra qu’un parlement peut être un lieu précieux de médiation et de délibération.

3. Mais comment renoncer au renoncement ?

Pour sortir de cet état de délabrement, il faut reprendre la main politique sur la chronologie : réengager le temps long de la décision et de de l’action politique. Ça signifierait se résoudre à penser, délibérer, expérimenter, transformer, communiquer un projet plutôt que de renoncer en camouflant son vide abyssal de pensée politique derrière une production à flux tendu de conflits et de radicalités symboliques.