Brièvement exposé pour la première fois au Salon des refusés en mai 1863 avant d’en être décroché, puis accepté au rattrapage l’année suivante, en marge du fameux « Salon » de peinture et de sculpture, « Le déjeuner sur l’herbe » a fait couler beaucoup d’encre à son époque…

Attaqué de toute part, Manet semblait oser braver les interdits. Il fut seulement mal compris et fut ensuite reconnu comme l’un des plus grands artistes de l’époque moderne.

En 2021, le déjeuner, sans herbe, revient en force ! Il est le signe d’une nouvelle convivialité urbaine, imposée par un couvre-feu qui contrarie les idées habituelles de dîner entre amis. Il est aussi une manière de contourner les interdits et devient la formule chic de ce qui ne doit plus exister.

Le Salon des refusés recueillait les œuvres refoulées du « Salon ». En version contemporaine, on pourrait imaginer créer cette fois un album-photo « souvenir » de ces nouveaux déjeuners improvisés sur une table de bureau avec une bonne copine, dans une cuisine parisienne qui n’avait encore jamais vu son locataire entre midi et deux, ou sur une grande nappe blanche d’un long dimanche d’hiver… Le printemps approche, avec un peu de chance (ou malchance…), nous découvrirons bientôt, le nouveau déjeuner sur l’herbe, avant de nous faire décrocher du tableau ! Courez, courez, défoulez vous avant de vous faire refouler ! Mais plus la peine de vous mettre à nu pour militer pour un nouveau siècle…

Raphaëlle GINIES