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Archéologie du quotidien
LA SEINE-SAINT-DENIS, CAPITALE DE L’ÉCOLOGIE ?
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Chaque mois Signaux Forts se penche sur un territoire, un objet ou un usage qui définit l’époque.
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On sait que le vainqueur de la primaire écologiste, Yannick Jadot, l’a emporté avec seulement 2 112 voix d’avance sur sa rivale Sandrine Rousseau. On a moins noté que le jour de l’annonce des résultats du second tour, les QG des finalistes étaient tous deux situés à Pantin en Seine-Saint-Denis. Sur une péniche pour le premier, dans un restaurant pour la seconde. C’est encore dans un bar branché pantinois que les deux candidats ont convergé pour clôturer la soirée.
Constatant que tout s’était joué « dans un rayon de 500 mètres » lors de ce dimanche crucial pour les écolos français, Libération rappelle que ces derniers avaient déjà choisi un tiers-lieu pantinois, La cité fertile, pour l’édition 2020 de leurs journées d’été.
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Accessible par deux lignes de métro, limitrophe de la capitale, traversée par le canal de l’Ourcq, Pantin incarne à merveille le déplacement du centre de gravité de la vie culturelle, intellectuelle et politique parisienne vers le nord-est. Tout autour de Paris, la petite ceinture rouge, ses manufactures et ses entrepôts renaissent sous forme de résidences, de bistrots, de fermes urbaines. Une jeune intelligentsia en phase avec l’écologie politique y a trouvé refuge, chassée par les prix stratosphériques de l’immobilier parisien.
La proche banlieue est-elle le prochain foyer de la pensée écologiste ? Le mouvement franchira-t-il non plus le périph’, mais le canal, ou sera-t-il cantonné à ce territoire hyperurbain qui se veut une vitrine du Grand Paris ?
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LE VOYANT D’ÉTAMPES : ROMAN ANTI-WOKE ?
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L’histoire. L’universitaire un peu loser Jean Roscoff se retrouve propulsé au centre d’un monumental bad buzz médiatico-littéraire dont l’époque a le secret, lorsque son essai historique portant sur le poète américain confidentiel Robert Willow, exilé en France après-guerre et décédé à Étampes dans l’Essonne en 1960, est pris pour cible par des militants de la gauche postcoloniale et intersectionnelle.
Homme, blanc, hétérosexuel, âgé de 65 ans, Roscoff cumule à leurs yeux les « privilèges », au point de se rendre coupable d’appropriation culturelle en omettant de mentionner dans son livre que Willow était Noir, élément biographique tout de même notable dans l’Amérique des années 1950.
Pourquoi il faut le lire. Deuxième roman d’Abel Quentin, unanimement acclamé par la critique, lauréat du Prix de Flore, Le Voyant d’Étampes aurait pu n’être qu’un tract politique un peu convenu et vaguement romancé contre la cancel culture et le courant woke. C’est en tout cas sous ce prisme de la guerre des gauches qu’une grande partie de la presse -de droite- a loué les qualités de l’ouvrage. À partir de sa trame narrative initiale, Quentin dépasse pourtant le règlement de comptes visant un courant de pensée en vogue, dont on pointe volontiers le dogmatisme tout en moquant l’affectation de certains de ses promoteurs.
Lorsque « les nouveaux commissaires du peuple » de la génération de sa fille réclament sa tête sur Twitter, le lecteur prend d’abord le parti de Jean Roscoff. Mais à mesure que l’auteur se penche sur cet enfant de la génération SOS Racisme et de l’Esprit Canal, « boomer » que ses certitudes ne prédestinent nullement à interroger ses propres impensés sur la question raciale, on finit par s’interroger : et si les redoutés et discrédités « campus américains » n’avaient pas tout faux ?
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LA FRANCE GOY : L’EXTRÊME DROITE ET LA FABRIQUE DE L’OPINION
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Le propos. Que fait dans un livre qui se déroule à la Belle Époque le combat très actuel entre washing et bashing ? Autour de l’entreprise Maggi (et de ses fameux bouillons cubes) c’est pourtant bien à cela qu’on assiste, une lutte féroce entre campagnes antisémites d’une part et stratégie d’image d’autre part, avec la presse et ses millions de lecteurs d’alors comme terrain d’affrontement. Ce que La France goy de Christophe Donner nous raconte d’intéressant est là : si souvent les formes ont changé, les ressorts demeurent.
On y voit les intellectuels d’extrême droite Édouard Drumont et Léon Daudet inventer les ficelles qui transformeront un vieil anti-judaïsme assez diffus en une véritable idéologie antisémite. Une fabrique de l’opinion basée sur l’opposition systématique du « eux contre nous », les mensonges répétés pour cliver les débats, les campagnes alignant tous les médias (les journaux alors) sur les mêmes thèmes, le sens du buzz et le goût du clash ou encore la force mobilisatrice des radicalités assumées, toutes recettes qui d’évidence n’ont pas perdu de leur efficacité.
Pourquoi le lire. L’ouvrage rejoint là l’actuelle saga Eric Zemmour. On peut y lire, avec le même intérêt que dans le dossier récemment produit par la Fondation Jean-Jaurès, la force des récits bien menés dans la construction des opinions, storytelling avant l’heure où les procédés narratifs ne s’inspiraient pas de Netflix mais usaient des mêmes procédés : scénarisation, personnalisation, caractérisation (souvent proche de la schématisation) et teasing. Décidément, oui, La France goy, c’est Zemmour à la Belle Epoque !
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📍La France comme vous ne l’avez jamais vue
Le premier volume de L’Atlas des Régions Naturelles, projet hors norme du photographe Eric Tabuchi et de l’artiste Nelly Monnier est enfin disponible. Un cadeau incontournable pour tout amateur de paysages, et un projet qu’on vous invite à découvrir par ici. Le duo présente également une exposition à la Villa du Parc à Annemasse jusqu’au 19 décembre.
📉 La « grande démission » du petit personnel
Les médias ont rapidement trouvé une expression pour désigner le phénomène inédit de travailleurs des services qui quittent massivement leurs emplois pénibles et mal rémunérés : « La Grande Démission ». Parmi les causes de cette désertion avancées par le magazine The Atlantic (traduction ici), l’impolitesse des clients des restaurants, hôtels, supermarchés, compagnies aériennes et autres parcs d’attraction qui attendrait des sommets dans un contexte de défouloir post-confinement…
⚓ Quand la Loire prend la parole
Rivières, montagnes, glaciers, forêts, océans, les entités naturelles suscitent un intérêt croissant de la part des intellectuels. L’ouvrage Le fleuve qui voulait écrire dirigé par Camille de Toledo compile les « auditions du parlement de la Loire »… Où lorsqu’un fleuve, ancestral compagnon de nos vies, prend la parole et réclame un rôle politique. Un entretien avec l’auteur sur le site Diacritik.
🌱 Quel arbre planter autour de chez vous?
Voici une carte de France qui allie beauté et originalité. Publiée sur les réseaux par le paysagiste et botaniste Nicolas Deshais-Fernandez, elle identifie les arbres caractéristiques des paysages des six villes principales de France. Il s’agit selon son auteur d’un document de travail pour les paysagistes afin que leurs projets urbains s’adaptent aux palettes végétales locales.
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