Il est « amusant » de découvrir dans le dernier baromètre des territoires, publié par Elabe et l’Institut Montaigne avec la SNCF, que les Français aspirent de manière prioritaire à plus de respect. « La plupart de nos concitoyens érigent le respect en valeur cardinale pour construire la société de demain (8,8/10 ; 1ère valeur) », indique l’étude. En revanche, l’autorité apparaît au dernier rang dans la liste des valeurs proposées.

Il y a bien des années… l’Education nationale signait une grande campagne, « Le respect ça change l’école ». La campagne donnait la parole à des personnalités dont on espérait qu’elles feraient autorité. Le boxeur Brahim Asloum, l’écrivain Daniel Pennac, le comédien Frédéric Diefenthal se passaient le relais pour supporter cette valeur vedette qui devait changer notre manière de se dire bonjour, d’apprendre de l’autre, des profs, des élèves, etc. d’être ensemble au quotidien, mais aussi de combattre.

L’école pressentait déjà que les figures naturelles de l’autorité étaient en voie de disparition. On s’en remettait à de nouveaux visages pour se faire entendre. On était alors en 2002, Jospin et les socialistes cédaient leur place à Le Pen au second tour présidentiel, une partie de la France était – alors – sous le choc et les affaires commençaient déjà silencieusement à grapiller la confiance que l’on pouvait avoir dans le politique.

20 années sont passées. L’heure urgente du bilan est venue. Les scores de défiance battent tous les records. On ne se dit plus que rarement bonjour, on apprend peu des autres (sauf à croire que l’on apprendrait de ceux qui pensent toujours comme nous), on ne vit plus beaucoup ensemble (opérant plutôt un repli sur soi généralisé), et on combat sans respect l’adversaire (sauf à croire que l’invective ou l’anonymat soit digne d’une réelle confrontation). Le grand perdant de cette débâcle, c’est évidemment ce qui nous liait, le débat public. Devenu impossible dans de telles conditions.

Les Français réclament du respect mais placent loin derrière la demande d’autorité. « C’est l’honnêteté (8,6/10), la justice (8,5/10) et la sécurité (8,5/10) qui trouvent naturellement leur place aux côtés du respect et dessinent une société de la tranquillité » précise l’étude.

Il est peut-être temps de se poser la question suivante : Qui va donc faire autorité en 2022 ?… L’exemplarité pourrait être (enfin) une piste. Le courage pourrait en constituer une deuxième. A arbitrer tous ensemble pour avoir enfin la paix et accéder à une (plus fière) société de tranquillité !

Raphaëlle Giniès

Directrice générale de Bona fidé