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Alors que le casting des candidats à l’élection présidentielle se précise, interrogeons-nous un instant sur « la mue » que chaque prétendant fait et n’oublie pas de mettre en scène. A croire qu’à chaque étape de la campagne qui commence, les candidats-chenilles muent tour à tour pour essayer de devenir l’élu-papillon. De mues en mues plus ou moins achevées, à la fin des courses, à quoi ressembleront les impétrants ?

Remarquons que la semaine dernière a fourni son lot d’exemples. A la droite de la droite (de la droite), Eric Zemmour tâche de revêtir les habits de candidat après avoir été successivement journaliste, polémiste ou écrivain. A droite, Valérie Pécresse, elle aussi, essaie de passer de candidate des militants LR à candidate s’adressant à tous les Français, en rabrouant les idées les plus à droites que voudrait lui souffler son concurrent malheureux Eric Ciotti.  La gauche n’est pas en reste, avec Jean-Luc Mélenchon qui, parmi d’autres, souhaite devenir le candidat naturel (et unique) de la gauche. Pour muer sans être gauche et convaincre qu’il n’est pas seul, rien de tel qu’un meeting et un « parlement de l’union populaire », union, on est prié de le croire, plus large et populaire que La France insoumise.

Cette mue est un classique des campagnes électorales que rythment deux exercices paradoxaux et pourtant à conjuguer. Au performatif « j’ai changé », tout candidat alternera avec l’« authenticité » autoproclamée. Dès lors, qu’il soit permis aux électeurs d’être déroutés : qui sont ces gens qui réussissent la performance de changer dès qu’approche une élection et qui, en même temps, restent les mêmes ?

Peut-être pour mieux les comprendre dans leur mue d’authenticité, peut-on se référer à la fable « La Chauve-souris et les Deux Belettes » de La Fontaine. Tour à tour oiseau et souris, la chauve-souris « par cette adroite répartie […] sauva deux fois sa vie ». Il semble bien que pour les candidats, une élection vaut bien une mue… On se moque mais dans le fond, disons-le : ils nous émeuvent ou nous énervent. Espérons néanmoins une chose : que la démocratie n’y laisse pas trop de plumes, même si c’est encore une autre fable.