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L’open space doit-il disparaitre ?

Depuis son arrivée en France dans les années 1970, on lui reproche à peu près tout : stress, fatigue, anxiété, bruit,…

Depuis son arrivée en France dans les années 1970, on lui reproche à peu près tout : stress, fatigue, anxiété, bruit, sensation de surveillance, privation d’intimité, fragilisation de la concentration… Malgré de nombreuses études produites sur la brutalité de ce système, l’open space, qui concerne environ 20 % des salariés français, survit et se maintient.

 

Au milieu des années 2000, de grandes crises comme celle d’Orange secouent le monde du travail. Le bien-être au travail devient une préoccupation centrale. Dans ce contexte, l’open space doit se réinventer. On réaménage l’espace, on tourne les bureaux, on intègre des petites barrières symboliques avec plantes vertes ou bibliothèques, on crée des espaces appelés « bulles de tranquillité », on lui trouve de nouvelles qualités, facilitateur, bienveillant, abolissant les inhibitions de la créativité et les barrières hiérarchiques… Malgré tout, l’open space reste impopulaire. Soupçonné d’être principalement pensé pour permettre aux entreprises de faire des économies sur le foncier, en France, on le subit plus qu’on ne l’apprécie.

 

Mais avec la pandémie mondiale, le confinement et, avec ce dernier l’avènement du télétravail dans nos quotidiens, nous pourrions bien être à un point de rupture et à un véritable bouleversement dans l’organisation de nos espaces de travail.

 

« Les cloisons ont vraiment la cote en ce moment »
Cadre d’une agence immobilière ayant travaillé sur un guide pour la réouverture des bureaux après le confinement

 

En pleine crise sanitaire où la distanciation sociale sera désormais la règle régissant nos rapports professionnels, l’open space va-t-il être amené à disparaître ?

 

Le « cubicle » est de retour, nous apprend Usbek & Rica, le « bureau à cloisons» en français, un petit box fermé sur deux ou trois côtés qui permet de s’isoler lorsqu’on s’assoit mais d’avoir une vue d’ensemble une fois debout. Ce serait aussi le grand retour des cloisons en plexiglas selon Le Monde. Cloisons que nous avons vues apparaître au fur et à mesure que les mesures de sécurité sanitaire se mettaient en place dans les commerces d’alimentation notamment.

 

On re-cloisonne et on s’isole donc, pour se protéger avant tout des risques de contamination. Mais n’est-ce pas finalement l’occasion de se préserver également du trop-plein de sollicitations, de se sentir libéré du sentiment de surveillance, du bruit et d’agitation de l’open space ? En bref, de gagner peut-être d’un peu de cette intimité que l’on avait enfin redécouverte en travaillant de chez soi…

 

Télétravail, le retour au calme ?

 

Le bruit constant dans l’open space et les interruptions permanentes génère un « fort désagrément, à répétition, qui provoque fatigue, irritabilité, stress et, in fine, accidents par perte de vigilance et désertion du lieu de travail », déplorait en novembre 2019 l’association à l’origine de la Journée nationale de l’audition. Le sentiment de contrôle insidieux, à la fois managérial et par ses pairs génère stress et inhibitions et ne permet pas de faciliter la communication comme le révèle une étude de Stephen Turban et Ethan Bernstein, professeurs à la Harvard Business School, parue en 2018.

 

Le télétravail a permis cela, un relatif retour au calme. Même pour les familles avec enfants, la tendance est au sentiment d’apaisement, au silence retrouvé, notamment en ville, à l’autonomie et à la solitude. Toutes ces nouveautés, extrêmement bénéfiques pour le cerveau et pour la concentration, sont apparues comme un soulagement.

 

Et d’ailleurs les chiffres sont criants, près de 6 nouveaux télétravailleurs sur 10 envisagent déjà de « demander à pratiquer le télétravail après le confinement, de manière régulière ou ponctuelle », selon un sondage CSA pour Malakoff Humanis paru le 6 mai.

 

Mais si l’open space perd du terrain au profil du télétravail, il faut rester vigilant. « Du matin au soir, ça n’arrête pas : le télétravail envahit l’espace et le temps de nos vies confinées, au rythme des appels téléphoniques et des réunions à distance, nous avons laissé l’open space entrer dans les domiciles », nous dit dans Libération Fanny Lederlin, autrice de l’essai Les Dépossédés de l’open space (PUF, 2020).

 

Et vous, pensez-vous que le télétravail garantisse le silence et le calme dont nous avons besoin ?

 

A votre avis faut-il re-cloisonner les espaces de travail ?

 

Anaïs COQ

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