Journée Officielle de Lutte contre le Prêt-à-Penser  (3/8) | Centres d’intérêts divergents, pratiques numériques discriminantes, besoins radicalement opposés, si le confinement a mis toutes les générations à l’égalité dans l’enfermement, il a aussi révélé tout ce qui nous sépare et la fragilité du lien
entre les générations. Entre les millenials et les boomers, un dialogue est-il encore possible ? Et, après tout, pour quoi faire ?

Le 17 novembre dernier, l’agence Bona fidé organisait à La Gaité Lyrique la première Journée Officielle de Lutte contre le Prêt-à-Penser. L’une des 8 tables rondes était dédiée au sujet de la transmission générationnelle.

Les échanges étaient animés par l’essayiste Jean-Laurent Cassely, assisté de Sarah Belkahla, directrice de clientèle chez Bona fidé. Cet article vous propose une synthèse de cette réflexion commune.

Les participants :

  • Emilie Macherowski, responsable communication de la Monnaie de Paris.
  • Géraud Rabany, directeur de la communication de ADP – CDG Express : la future liaison ferroviaire directe entre l’aéroport Charles de Gaulle et la gare de l’ADP – CDG Express.
  • Anne Hartenstein, fondatrice de Anne Hartenstein Communication.

 

Quels constats communs ?

Nous partageons aujourd’hui un constat clair : l’image que nous portons sur les jeunes est biaisée. Les médias, la publicité, les marques s’accordent tous sur le profil d’UN jeune, celui que l’on pourrait communément appeler « le jeune agence ». Le « jeune agence » est urbain, ultra connecté, et fougueux, il ne fait pas face aux enjeux socio-économiques de son territoire, il n’évolue pas dans un environnement précaire ne lui permettant pas de vivre sereinement ses études ; il ne semble pas anxieux face aux nombreuses crises (écologique, sanitaire, économique) qui l’entourent.

Connaissons donc nous réellement les jeunes ? Parce que c’est avant tout de ça dont il s’agit : il n’existe pas UN jeune, mais DES jeunes aux réalités, aux attentes et aux besoins différents. À côté des jeunes urbains existent aussi ceux qui vivent en périphérie des villes dans les banlieues ou encore dans les territoires. Tous ne se ressemblent pas et tous vivent des réalités différentes, souvent bien éloignées de celles présentées dans le discours global porté à destination de la jeunesse, créant de fait un décalage important, voire une fracture entre notre jeunesse et le reste de la société.

Quelle(s) vision(s) pour l’avenir ?

Une crise de confiance en l’avenir est de plus en plus perceptible dans le discours des jeunes. Celle-ci s’explique à travers différents points :

  • les jeunes ont évolué dans un contexte anxiogène lié aux crises multiples : écologique, sanitaire ou encore économique. Or, la société ne sait pas répondre ou porter un discours positif face à ces anxiétés exprimées ;
  • les analyses portées sur la jeunesse ont rapidement tendance à la présenter à travers des stéréotypes générationnels. Les jeunes n’existent plus individuellement, encore moins comme partie prenante de la société, mais principalement selon une appartenance à un corps générationnel (la génération XY, la génération Z, etc.) ;
  • les débats sur le lien intergénérationnel se cristallisent autour d’une prétendue opposition entre les « boomers » et les jeunes ;

Il y a donc un préalable nécessaire à prendre en compte : nous devons recréer de la confiance en accordant plus de considération aux jeunes. Il est plus que nécessaire de connaitre LES jeunes, de comprendre leurs angoisses, et prendre en compte leurs visions pour le futur. L’enjeu principal sera de créer plus de liens et de confiance entre les différentes générations. Cela permettra de faire « commun », de faire ensemble et de donner de l’espoir.

Quelle feuille de route ?

Plusieurs défis s’offrent à nous :

  • répondre à l’enjeu de représentation : nous devons apprendre à écouter et considérer la parole des jeunes. Pour cela, il faut faire en sorte que les jeunes soient systématiquement représentés lors des débats et notamment lors des débats sur la jeunesse, ce qui n’est pas toujours le cas.
  • sortir des schémas classiques:  nous devons apprendre à considérer des parcours qui sortent de l’image habituelle que nous nous faisons des parcours de réussite. Il est nécessaire, notamment dans un contexte de crise du marché du travail, de considérer les parcours plus atypiques.
  • transformer le monde du travail: renforcer la considération portée aux jeunes dès leurs premières années dans le monde du travail en instaurant un âge aléatoire, permettant de mettre sur un même niveau de considération des personnes de différentes générations et de faciliter les échanges entre eux.
  • donner de la confiance: instaurer un tutorat obligatoire dans chaque entreprise et institution afin d’accompagner les plus jeunes dans la découverte du monde du travail et renforcer le lien intergénérationnel.