Une autre crise, silencieuse et insidieuse, grandit à mesure que les conditions d’exercice de notre pleine liberté se réduisent et que l’avenir peine à se dessiner clairement. C’était inévitable et c’est désormais indéniable, la santé mentale des Français se dégrade. Les soignants en sont témoins, et appuyés par un rapport d’analyse du Ministère des Solidarités et de la Santé : une partie de la population est sortie psychologiquement fragilisée du précédent confinement et de la crise économique et sociale, entre augmentation du sentiment d’isolement, des addictions ou encore des symptômes dépressifs et anxieux. Phénomène inquiétant, et pourtant logique, ces fragilités ont aussi été observées en plus grand nombre parmi les soignants en première ligne. Et aujourd’hui, comme lors de la première vague, les consultations en psychiatrie s’enchaînent, notamment auprès de patients sans antécédent, et, dans les unités hospitalières spécialisées, les lits se remplissent, là aussi.
Alors, que faire pour éviter une aggravation de l’état mental des Français pendant ce deuxième – et peut-être pas dernier – confinement ? Certains médecins appellent à la mise en place d’une vraie campagne publique d’information et de sensibilisation, d’autres souhaitent la pérennisation des « cellules psychologiques spéciales Covid » ou encore le renforcement de la téléconsultation en psychiatrie. Et si, au-delà de l’écoute spécialisée et de l’accompagnement thérapeutique, d’autres solutions existaient, présentes près de nous ?
C’est le sens de l’appel au président de la République qui avait été passé par diverses personnalités en avril dernier, pour un accès aux espaces naturels en période de confinement. Relayée par le média engagé Reporterre.net, cette pétition, initiée par un accompagnateur en montagne et une médecin généraliste et co-signée entre autres par Christophe André, Delphine Batho, Dominique Bourg…, affirme que « se promener dans la nature n’a pas d’incidence sur la circulation du coronavirus » et rappelle que « de nombreuses études démontrent l’effet bénéfique du contact avec la nature et de l’activité physique sur la santé », pour diminuer le stress et l’anxiété, mais aussi pour renforcer notre système immunitaire. En l’absence de vaccin et de traitement, notre système immunitaire apparaît, outre les gestes barrières et de distanciation sociale, comme la meilleure arme pour lutter contre le virus. Plus largement, certains chercheurs affirment même qu’une dose quotidienne de nature peut prévenir et traiter de nombreux troubles médicaux. Enfin, la pétition souligne un point essentiel : « c’est également un outil de justice sociale : l’accès à la nature est d’autant plus important quand on est confiné dans un environnement de béton, dans un logement exigu, sans jardin, et parfois toxique ».
Si l’accès aux parcs, jardins, plages et forêts a cette fois été assoupli, les auteurs de la pétition s’interrogent sur la limite du rayon d’un kilomètre autour de son domicile : « à quoi bon ouvrir les forêts, les montagnes et les plages si c’est pour en limiter l’accès aux seuls riverains et avec autant de contraintes ? Qui sera véritablement concerné ? ». Billy Fernandez, l’accompagnateur de montagne, s’est fendu d’une lettre au Premier Ministre. Au cas où ce nouvel appel ne permettrait pas de faire changer la limitation de distance des sorties autorisées, à nous de faire venir la nature entre nos murs, faute de mieux. Relaxation au son de la pluie, jardinage, visionnage de reportages animaliers, salutation matinale au soleil…
Deborah KHAGHANI
Directrice conseilSpécialiste des enjeux d’identité et de marque, Deborah Khaghani a rejoint l’agence en 2010 après un Master « Communication politique et des institutions publiques » au Celsa. Au fil de ses expériences aux côtés de ses clients, elle a par ailleurs développé un réel intérêt pour les enjeux du secteur de la santé (et n’est pas sans connaître les bienfaits du chocolat noir).
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