Derrière ces mots se cacherait-il une incursion imprévue dans la critique cinématographique pour commenter une histoire loufoque imaginée par Delepine et Kerven ? Hélas Non ! Ici le loufoque se niche au cœur de l’histoire. Effacer l’historique symbolise une farce intellectuelle, importée des Etats-Unis, qui se diffuse en France avec une vigueur inquiétante. Des « communautés variées » s’emparent de ce courant sociologique et politique dénommé « cancel culture ».
Après la post-vérité où la dictature de l’émotion prime sur le réel, dans le droit fil de la « woke culture » où chacun est invité à « se réveiller » pour dénoncer « l’injustice » – passée, présente et pourquoi pas future …., la « cancel culture » consiste à « effacer » des individus (ou leurs représentations – rue, statue, tableaux…) de l’Histoire. Un tribunal d’une opinion, plus communautaire que populaire, se libérant de tous les contextes historiques – culturels, politiques, sociaux, géographiques …- triant les justes et traquant l’injustice même de façon anachronique. Le jugement dernier est leur dernier jugement, au nom de leur vérité, leurs règles, leur morale, mais en fait et surtout de leur communauté d’idées.
Délation, dénonciation, calomnies versus alerte, alarme, justice, au jeu de la confusion, c’est le plus souvent le « mal » qui l’emporte. Marx (Karl) écrivait que quand l’histoire se répète, c’est la première fois en tragédie, la seconde fois, en farce ! Mais il ajoutait que la farce est grave quand elle fait revivre les pires moments de l’histoire. Ne court-t-on pas aujourd’hui le même risque que celui qui a vu certains réécrire l’histoire ?
« L’effacement » ne se transforme-t-il pas « en habit neuf du révisionnisme » ? et oui, loufoque cette histoire qui rassemble dans le même « casting » Colbert, Agatha Christie, Harry Potter et Woody Allen : Attention à la « cancel culture », danger !
Robert ZARADER
Robert ZARADER
PrésidentRobert Zarader est expert de la stratégie de communication corporate, des relations institutionnelles et média, et des problématiques d’accompagnement du changement. Il a co-écrit en 2008 le livre La bêtise économique puis coordonné en 2021 un ouvrage collectif, l’Abécédaire de la réconciliation, dont une nouvelle version est parue en juin 2024.