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De la démocratie en entreprise : le regard et les attentes des salariés français

Une étude de l’Institut Bona fidé pour Arthur Hunt

Démocratisation de l’entreprise : écoute et consultation bien plus que prise du pouvoir !

Partout dans le monde, les démocraties font face à de multiples défis : crise de la représentativité, abstention aux élections, défiance vis-à-vis des institutions et polarisation des espaces conversationnels en sont les symptômes les plus visibles. Les opinions publiques sont de plus en plus concernées par le devenir de la vie démocratique dans la Cité. Il en est de même pour la vie en entreprise. Le salarié, quand il franchit la porte de son entreprise, n’en reste pas moins un citoyen inquiet par la crise démocratique en République. L’entreprise est elle-même une « petite République », diront certains. Si la démocratisation de l’entreprise ne fait plus débat, reste à connaître quelles sont les représentations des salariés sur la forme que l’entreprise démocratique doit prendre. Comment la mettre en œuvre ? Sur quels sujets ? C’est à ces interrogations que cette enquête apporte des éclairages inédits et est autant d’éléments à disposition des DRH et des dirigeants pour faire face aux mutations à venir.

 

La démocratie sociale et la démocratie économique font l’objet d’une large littérature scientifique et de nombreuses documentations empirique. Des sociétés coopératives et participatives (Scop) créées en 1915 en France au employee stick ownership (Esop) aux États-Unis en 1974, certaines entreprises ont fait de la démocratie la base de leur modèle organisationnel. Pour le reste des autres structures du champ de l’entreprise, l’attente demeure : 76 % des salariés français du privé estiment que l’entreprise devrait être plus démocratique (ce qui ne signifie pas qu’elle ne l’est déjà pas un peu, nous y reviendrons), une demande qui transcende les catégories de salariés et la taille de l’entreprise. En miroir quasi parfait des attentes citoyennes, cette demande « salariale » se construit prioritairement autour d’attentes de démocratie directe, via des référendums et des consultations régulières, sur les sujets du quotidien du travail bien plus que sur les questions stratégiques. En résumé, les salariés français souhaitent bien plus être considérés et écoutés que d’être patrons à la place du patron !

Les trois grands enseignements de l’enquête :
  1. La démocratie d’entreprise est en meilleure forme que la démocratie politique. L’entreprise est vu comme un espace démocratique bien en moins en crise et en dysfonctionnement que l’espace politique. Dit autrement, le salarié est moins défiant et critique que le citoyen.
  2. Les salariés français expriment une forte demande de démocratie directe. Dans ce contexte d’une entreprise perçue comme déjà plutôt démocratique, la demande majoritaire est donc celle d’une poursuite et d’un approfondissement, plus de trois quarts des salariés souhaitant que leur entreprise devienne plus démocratique. Disons-le clairement : les salariés n’ont pas (forcément) envie de devenir patrons et de participer plus aux grandes décisions stratégiques.
  3. Pour les salariés, l’entreprise doit être plus démocratique, mais pas pour autant politique. Révélatrice de la polarisation de l’opinion, notre étude montre la difficulté croissante pour les entreprises à intervenir dans le débat public et à prendre position. Et révèle la demande majoritaire des salariés d’une forme de neutralité
Chiffres clés
  • 76 % des salariés français considèrent que l’entreprise devrait être plus démocratique.
  • Six sur dix se sentent autorisés à exercer leur esprit critique ou discuter les décisions de leur manager dans leur entreprise.
  • Avec 73 % de citations, la consultation régulière des salariés est la caractéristique première pour définir une entreprise démocratique.
  • 91 % sont favorables à l’organisation de référendums en entreprise sur des sujets RH et d’organisation du travail.
  • 84 % des salariés considèrent que les DRH devraient se préoccuper davantage de la démocratie dans l’entreprise.
  • 64 % jugent que les DRH ne sont pas suffisamment attentifs à la consultation des salariés sur les sujets d’organisation et de temps de travail.
  • 74 % préfèrent la démocratie directe à la démocratie représentative comme modèle démocratique pour l’entreprise.
  • 76 % sont favorables à ce qu’un manager soit élu par ses collaborateurs.
  • 57 % considèrent que les entreprises qui ont appelé au front républicain pour faire barrage au RN « ne sont pas dans leur rôle ».
  • 52 % estiment que les entreprises ne doivent pas aujourd’hui prendre position dans le débat public sur les grands sujets de société.
Méthodologie

L’enquête a été menée par l’Institut Bona fidé auprès d’un échantillon représentatif de 980 salariés travaillant dans une entreprise de plus de 10 salariés du secteur privé. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, CSP, répartition, temps plein/temps partiel), après stratification par région. Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré en ligne du 28 octobre au 7 novembre 2024.

Le rapport complet

La note d’analyse

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