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Hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône – Episode 1 : La solidarité

Directrice de la communication de l’Hôpital Nord-ouest de Villefrance-sur-Saône, Nelly Dechery a été au cœur de la…

Directrice de la communication de l’Hôpital Nord-ouest de Villefrance-sur-Saône, Nelly Dechery a été au cœur de la crise du COVID-19. Pour 11mai2020.co elle a accepté de revenir en arrière et de nous raconter, au fil d’une chronique, la vie de l’hôpital pendant la crise : ses difficultés, ses transformations, mais aussi la grande solidarité qui a émergé pendant la crise.

 

Louis Pasteur disait « la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés », et il est vrai que chez nous, à l’Hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône, la chance s’est invitée au sein de la crise du COVID-19. La chance d’avoir pu bénéficier du retour d’expérience d’autres hôpitaux qui ont dû affronter la crise avant nous, la chance aussi d’avoir pu compter sur des équipes qui ont fait preuve d’une force et d’un courage exceptionnels, et ce, dans des conditions inédites. Mais notre grande chance, celle que nous n’avions pas vraiment vue venir et jamais réellement expérimentée auparavant, c’est d’avoir pu compter sur la richesse et la mobilisation de tout un écosystème local, qui s’est montré très présent et extrêmement généreux pendant la crise. Dès ses prémisses, nous avons reçu un afflux d’appels de personnes de la région qui proposaient leur aide ou qui souhaitaient effectuer un don. Nous avons donc rapidement été très entourés grâce à ce tissu local, professionnel ou non, qui s’est mis en mouvement spontanément pour répondre aux différents besoins de l’hôpital et de nos soignants. Et, nous ne pouvons pas le nier, cet engagement et cette volonté d’être utile, qui étaient partagés par un grand nombre, nous ont fait beaucoup de bien et ont énormément contribué au moral des équipes.

 

Mais pour réellement devenir une chance, cet élan de solidarité a supposé une certaine organisation et une agilité de notre part pour pouvoir accueillir les aides. N’ayant jamais expérimenté cette situation, nous n’avions aucun outil pour offrir des débouchés à chaque personne proposant son soutien. Comment dire oui à l’ensemble des volontaires tout en assurant la sécurité de nos patients ? Par quels moyens logistiques assurer la bonne livraison des dons alimentaires ? A quel service proposer les dizaines de repas offerts quotidiennement ? Où rassembler l’ensemble des annonces de mise à disposition de logements et de voitures ?

 

Aussi honorable soit-elle, la question du don est rapidement devenue un champ d’exploration à part entière qui, dans une certaine mesure, a pu être révélateur d’un sentiment de frustration aussi bien à l’externe qu’en interne. Alors qu’il ne nous était pas permis d’accepter tous les dons, ou d’autres formes d’aide, il nous a également fallu nous questionner sur la manière dont répartir l’ensemble des dons entre les équipes. Avec le recul, et nous en avons pleinement conscience, nous avons généré beaucoup de satisfaction au sein des équipes, mais nous avons aussi certainement généré une forme de frustration chez d’autres qui se sont peut-être senties oubliées. Nous avons fait au mieux, avec les moyens que nous possédions et dans des conditions inhabituelles, mais nous avons sans doute rendu plus visible, et peut-être même alimenté un sentiment qui, légitimement, existait déjà : celui d’une insuffisante reconnaissance symbolique du travail effectué.

 

En externe aussi, maintenant que la crise se dissipe, se pose la question du maintien du lien avec cet écosystème autour de nous. Comment continuer à travailler avec tous ceux qui étaient présents ? Comment les remercier à la hauteur de leur geste ? La crise nous a permis de découvrir une chose précieuse : nous avons de nombreuses occasions d’échanges avec des acteurs économiques présents sur notre territoire. Il nous semble primordial de créer des occasions pour continuer de renforcer nos liens avec cet écosystème, qui a tant à nous apporter et pour ne pas créer chez eux un sentiment d’oubli ou de frustration, alors qu’ils étaient, eux aussi, mobilisés à nos côtés. Il va falloir se réinventer, en assouplissant, dans la mesure du possible, les modalités de collaboration, mais aussi en nous rappelant, tous, de la valeur que nous avons pu construire collectivement en nous associant.

Publié le 16/07/2020

Nelly DECHERY

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Tags : Santé Post

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