Et paf. Après le confinement et le couvre-feu, nous voici au temps du reconfinement, avec de longues journées et soirées d’hiver en perspective à occuper : apéros visio, jeux vidéo, TV… culture ? Oui, culture ! Avant la pandémie, la culture rimait d’abord avec visites de musées, séances dans les salles obscures, sorties théâtre… Et un peu moins avec Internet. Mais ça, c’était avant.
Les offres culturelles en ligne explosent
Le confinement a fait exploser l’offre culturelle en ligne. De l’Opéra de Paris et son offre numérique « 3ème scène », au Metropolitan Museum of Art de New-York et son « Art at Home », en passant par Le Grand Palais et son exposition en ligne sur Pompéi, il y en a pour tous les goûts et dans tous les formats. La culture va même jusqu’à s’insérer dans des jeux vidéo comme le célèbre Animal Crossing ! Si vous êtes fin connaisseur de ce jeu, vous y avez peut-être aperçu une ou deux toiles célèbres de Van Gogh ou encore de Léonard de Vinci… Si vous êtes au contraire plutôt adepte du réseau social Twitter, peut-être prenez-vous votre shot culturel quotidien grâce au Metropolitan Museum of Art qui, chaque jour partage une œuvre, via son opération #MetAnywhere.
Pour ce reconfinement, vous aurez tout le loisir de personnaliser les fonds d’écran de vos conférences en visio, tout en art, grâce à la multitude d’œuvres désormais disponibles à cet effet. Le 29 octobre dernier par exemple, Gallica annonçait la mise à disposition d’une partie de ses collections (affiches, photographies, etc.), de quoi mettre un peu de culture dans vos réunions. Ce reconfinement, c’est aussi l’occasion pour des acteurs de la culture de reprendre certaines « habitudes » du premier confinement. Ainsi, la Comédie Française, qui avait lancé au printemps dernier une programmation culturelle en ligne avec sa chaîne YouTube « La Comédie continue ! », reprend du service et propose tous les jours une programmation, avec « La Comédie continue ! ». Autre moyen pour la culture d’exister : des pièces de théâtre pensées et adaptées pour être jouées en ligne se mettent en place, à l’instar de Direct au théâtre. Quant aux théâtres parisiens associés, ils annonçaient très récemment la mise à disposition de certaines de leurs captations. Autant de bonnes raisons de faire, si on le souhaite, une overdose de culture durant ce reconfinement !
La mutation de l’offre culturelle ?
La tendance de l’offre culturelle est à la mutation, de gré ou de force, vers plus de numérique, et une réinvention de la culture sous toutes ses formes. Mais qu’en est-il de notre consommation de culture ? Si en 2017 le ministère de la Culture s’interrogeait, via le n°134 de sa revue Culture & Recherche, intitulé « Les publics in situ et en ligne » sur l’émergence d’une offre numérique pérenne, une étude récente de l’Ifop s’est penchée sur les pratiques culturelles des Français durant le confinement, et démontre que « 53% des internautes français interrogés placent la consommation des biens culturels en tête des activités indispensables à l’équilibre personnel en période de confinement » et que 84% d’entre eux consomment des « biens culturels dématérialisés ». L’étude montre aussi que 62% des consommateurs d’offres culturelles, en consomment plus qu’avant le confinement. En mai, le Syndicat national de l’édition publiait sa 10ème édition du « Baromètre sur les usages du livre numérique », dans laquelle il indique que 34% des lecteurs de livres numériques pensent avoir augmenté leur consommation.
S’il est encore trop tôt pour tirer un bilan du confinement acte II, les chiffres à venir nous indiqueront peut-être une recrudescence de consommation culturelle en ligne ?
Au-delà des opinions et habitudes de tout un chacun, la question d’une mutation de l’offre culturelle fait débat aussi dans les hautes sphères. Le Syndicat national des entrepreneurs de spectacles avait réagi à l’annonce du couvre-feu, en interpellant le Premier ministre sur la nécessité d’obtenir une « exception culturelle qui rend à la Culture son caractère unique », et d’ajouter : « Ne privons pas le public du plaisir qu’il avait retrouvé en retournant dans les salles de spectacle après des mois d’interruption ». A l’inverse, l’UNESCO vient de publier un guide pratique pour accompagner les acteurs de la culture vers des mutations possibles, invoquant « la résilience des industries culturelles et créatives » et encourageant à « se préparer à la nouvelle normalité ».
La « nouvelle normalité » sera-t-elle celle d’avoir une consommation culturelle plus forte car plus accessible et plus rapide car digitalisée ? Entrons-nous dans l’ère de la fast culture ?
Camille STUDER