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Archéologie du quotidien
Les Bodin’s contre les Tuche
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La comédie Les Bodin’s en Thaïlande, qui met en scène le duo d’humoristes populaires les Bodin’s, dépassait le million d’entrées moins d’un mois après sa sortie en salles. Dans un multiplexe de Bourges par exemple, le film obtenait le deuxième meilleur résultat de l’année après le dernier James Bond. Un succès de box-office resté largement ignoré des Parisiens, et pour cause : le film n’est projeté que dans deux salles de la capitale !
Pour décrypter cette véritable fracture humoristique entre deux France, le quotidien La Montagne a interrogé le professeur d’économie et auteur d’ouvrages sur le cinéma Jean Latreille. Celui-ci met en regard le relatif insuccès parisien des Bodin’s avec l’engouement suscité par l’adaptation récente des Illusions perdues de Balzac dans les grandes villes : « La montée à Paris du Provincial Lucien de Rubempré parle aux classes moyennes de leurs origines populaires et des obstacles que rencontrent les individus qui rêvent d’ascension sociale », note l’expert, à rebours des Bodin’s dont le ressort comique repose sur « l’inadaptation » de ses personnages « au monde des winners », celui de la modernité technologique, de la mode et du rythme de vie urbain.
Reste à élucider un mystère : pourquoi les Bodin’s échouent à séduire le public des grandes agglomérations alors que les interprètes de la famille Tuche, qui incarnent une France populaire et « profonde », sont pour leur part invités dans la matinale de France Inter et sur le plateau de l’émission Quotidien pour le lancement du quatrième volet de la série ? « Avec les Bodin’s, ce sont des Provinciaux qui rient des Provinciaux », remarque Jean Latreille, alors que le casting des Tuche est composé de personnalités connues et appréciées du public parisien, comme Jean-Paul Rouve ou Isabelle Nanty.
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Un « tableau de la France néolibérale » en 90 textes
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Le Nouveau Monde, Tableau de la France néolibérale, dirigé par Antony Burlaud, Allan Popelard et Grégory Rzepski, Éditions Amsterdam, Septembre 2021.
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Le pitch. La couverture de cet imposant ouvrage de 1046 pages, dont l’illustration représente un homme qui se tient au garde-à-vous au sommet d’une barricade, s’est imposée sur les tables des librairies militantes (difficile de passer à côté dans l’Est parisien !) Son sous-titre est un clin d’œil au Tableau de la France de Jules Michelet publié en 1833, mais son propos se rapprocherait plutôt de l’ouvrage collectif La Misère du monde dirigé par Pierre Bourdieu en 1993, dans lequel une équipe de sociologues décrivait la misère contemporaine des milieux populaires.
Ce panorama du « nouveau monde » rassemble pas moins de quatre-vingt-dix contributeurs, chercheurs, journalistes, écrivains, militants tous proches d’une galaxie de gauche dite critique, parmi lesquels François Ruffin, Frédéric Lordon, François Bégaudeau, Laurence De Cock, Danièle Linhart ou Serge Halimi.
Ce que Signaux Forts en a retenu. Mêlant différents registres, du décryptage universitaire au billet d’humeur, l’ouvrage poursuit l’objectif de décrire la France aux temps du néolibéralisme, un concept « très usité et même un peu usé » admettent les co-directeurs de l’ouvrage dans leur avant-propos, mais « qui résume le mieux les dynamiques à l’œuvre », à savoir celles de « polarisation sociale », de « creusement des inégalités » ou encore d’ « emprise de la finance ».
Au programme : nouvelles logiques du « capital », critique des médias (dominants), géographie inspirée par l’école marxiste, séparatisme de la nouvelle bourgeoisie. Un cahier central moins théorique rassemble une quarantaine de témoignages de travailleurs qui racontent leur quotidien. Une dernière partie, plus inattendue et peut-être plus joyeuse, est consacrée aux nouvelles « Mythologies » de l’époque, du rond-point à la végétalisation en passant par le SUV. Il s’agira à l’issue de cette lecture de « dégager des lignes de force de l’époque […] pour construire un autre nouveau monde, le nôtre », affirment les auteurs en quatrième de couv’. Encore faut-il que le lecteur ne sorte pas complètement plombé par le sombre bilan que dressent les contributeurs de cette somme.
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🍽️ Les tendances du restaurant de demain
Pour le site du Fooding, la journaliste Nora Bouazzouni a demandé à la critique culinaire de Télérama Estérelle Payany et à la cheffe parisienne Sarah Mouchot quelles étaient leurs visions du restaurant de demain. Au menu de cet entretien croisé stimulant : mondialisation des tendances, influence d’Instagram et « effet avocado toasts », impact de la digitalisation, montée en gamme et crise du recrutement dans l’hôtellerie-restauration.
📍 Deux séries de podcasts sur la ville
Dans une France chamboulée par la crise sanitaire et trois ans après l’impact durable du mouvement des Gilets jaunes, les questions territoriales reviennent sur le devant de la scène. Dans son podcast « La grande conversation », le think tank Terra Nova se demande comment « réinventer la société à partir du pavillonnaire ». La Fabrique de la Cité interroge de son côté la définition du périurbain dans son podcast « Aux frontières de la ville ».
🏙️ Un nouveau média urbain
L’agence en innovation urbaine « Ville hybride », animée par le sociologue Michaël Silly, lance un média payant destiné aux collectivités et consacré aux tendances de la ville de demain. Sa promesse ? « Le monde d’après existe déjà ».
💸 Une newsletter féministe sur l’argent
La journaliste Léa Lejeune lance le 14 décembre « la première newsletter française féministe qui parle d’argent, de petites économies, de budget, de dépenses émotionnelles et d’investissement » destinée à un lectorat féminin. Ça s’appelle Plan Cash.
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