|
|
|
Archéologie du quotidien
Que reste-t-il de la France de Houellebecq ?
|
|
|
|
|
|
Extension du domaine de la lutte, de Philippe Harel avec Philippe Harel et José Garcia. (© Mars Distribution – 1999).
|
|
|
Pour une newsletter qui repère les signaux faibles de la société, lire les œuvres de Michel Houellebecq relève du devoir professionnel. Anéantir compile tout ce qui fait le charme d’un roman de l’auteur, des menus de voiture-bar du TGV InOui aux moments médiocres passés dans des hôtels Ibis Styles. Les sociotypes houellebecquiens sont également tous au rendez-vous : le haut fonctionnaire de Bercy, le « boomer » dynamique, la journaliste société de gauche, les CSP++ arrogants de la nouvelle économie…
Pourtant à la lecture (parfois pénible) de son dernier roman, Anéantir, une évidence se fait jour : le moment Houellebecq est derrière nous. Le romancier ne surprend plus. « L’écrivain se trouve pris dans le piège des avant-gardistes dépassés par leurs troupes », écrit le critique Jean-Marc Proust, pour qui « le sens de l’observation de Houellebecq semble s’émousser ».
Une des explications est que le roman est raté. Il en existe une autre, pas nécessairement incompatible avec la première : et si tout était devenu houellebecquien, au point que cette épithète renverrait de nos jours à tout ce qui définit notre modernité tardive ? Selon l’écrivain Paul Vacca, qui a consacré dans Les Échos un formidable article à cette « France selon Houellebecq », l’expérience houellebecquienne se décline en trois dimensions.
D’abord, des surfaces et des géographies houellebecquiennes : « sont houellebecquiens tous ces espaces où l’être humain a plutôt bien réussi son entreprise de déshumanisation », comme les open spaces, les chaînes hôtelières, les supermarchés, les resorts touristiques mais aussi, dans Anéantir les Ehpad, décrits comme les non-lieux du grand âge (sur ce point, le romancier n’a rien perdu de sa prescience).
Des atmosphères houellebecquiennes ensuite, par exemple « un pot de départ avec du sauvignon tiède qui se termine dans un night-club dépeuplé ».
À un niveau plus général on identifiera un prisme houellebecquien, qui enregistre « les variations de température du climat social ». Ce sont les préoccupations civilisationnelles chères à l’auteur, à commencer par celle du déclassement de l’Occident, dont il restera le poète désenchanté.
|
|
|
|
L’ « enfant intérieur », figure de la civilisation du cocon
|
|
|
|
|
|
|
Le pitch. Maître de conférence à l’université de Lille, le sociologue Clément Rivière, partant de quartiers parisiens (La Villette et Belleville) et milanais (Monza-Padova), a entrepris de lire la ville sous le prisme de l’enfance, et vice-versa. Sécurité, appropriation des espaces, représentations, socialisation, inégalités ou mixité, son enquête menée auprès des parents français et italiens permet de cerner différemment bien des aspects de nos vies urbaines. Pourtant, ce qui retient d’abord l’attention, c’est la disparition d’une figure essentielle de la photographie (Doisneau) ou de la littérature du 20e siècle, à savoir l’enfant qui, seul ou en groupe, parcourait incessamment la ville en toute liberté, pour en faire son premier terrain de jeu.
Ce que Signaux Forts en a retenu. Reprenant le concept d’enfant intérieur (indoor child) mis en avant par Lia Karsten, Clément Rivière constate combien le nouvel épicentre de nos vies et de nos villes est le salon. Faisant largement écho en cela aux analyses de Vincent Cocquebert sur la société du cocon, marquant au passage via le jeu vidéo l’impact de la virtualisation de nos existences (une étude atteste que nous passons 90% de notre temps chez nous), l’auteur nous interroge aussi sur d’autres aspects : cet enfant constamment gardé à portée de regard est-il l’un des symptômes d’une nouvelle société de surveillance ? En quoi est-il le signe d’une montée de l’anxiété ?
Les vies de demain se dérouleront-elles en passant de cocon en cocon ? Que restera-t-il au hasard, aux aventures quotidiennes et aux rencontres inattendues ? Cet enfant d’intérieur est-il l’une des manifestations que, oui, décidément, la fête est bien finie comme l’affirme Jérémie Peltier ?
|
|
|
|
|
🌡️ Mesurez votre niveau de populisme
Êtes-vous populiste ? Et si oui à quel point ? Populiste de droite ou populiste de gauche ? Et, finalement, si vous n’êtes pas du tout populiste, qu’êtes-vous au juste ? L’indice des populismes, développé par Kieskompas et le Cevipof, vous aide à répondre à ces questions que tout électeur est en droit de se poser…
🗺️ Les géographies de l’après-covid
Avenir des espaces ruraux, géographie prospective du télétravail, impact des mobilités sur l’aménagement du territoire… La dernière livraison de Constructif, la revue de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), parvient à croiser de manière harmonieuse contributions de chercheurs et regards d’experts, dans un numéro consacré aux « Nouvelles géographies ».
🚅 Une expo sur les modes de vie des Français
À partir du 1er mars, la Cité internationale des arts, à Paris, accueillera l’exposition « Les vies qu’on mène », dédiée aux modes de vie des Français au regard de leurs déplacements. Le Forum Vies Mobiles a confié à l’agence « Tendance Floue » la mission de sillonner l’Hexagone. Ainsi près de 400 photographies, noir et blanc ou couleur, numérique ou argentique, orneront les cimaises du centre culturel ce printemps.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|