Interview réalisée pour la Newsletter Bpifrance ENSEMBLE #14 du 03 novembre 2020
Quelle est votre analyse de la situation économique actuelle et l’enjeu sociétal de ce 2e confinement ?
Mécaniquement, ce deuxième confinement, même allégé dit-on, va jouer de trois façons, hélas toutes négatives pour l’économie française : il va ralentir, voire stopper l’activité de secteurs et d’entreprises qui commençaient à se redresser, notamment dans le commerce de détail comme les librairies ; il va, au mieux décaler, au plan micro-économique, des effets positifs des mesures de relance engagées et au pire en diminuer fortement les effets ; il va rendre la crise encore plus profonde pour certaines activités déjà en très mauvaise posture comme les industries culturelles, le tourisme, les loisirs, la restauration et l’hôtellerie et enfin, ce que je sais aussi cher au cœur de Bpifrance, l’économie générale du sport. Les dégâts sociaux, notamment pour les salariés de ces derniers secteurs sont déjà là ! L’action publique peut les atténuer mais difficilement en effacer les effets. L’enjeu sociétal tient à deux mots : la résilience et la confiance !
Quel est, selon vous, le rôle à jouer par Bpifrance dans cette seconde vague ?
D’abord le rôle que joue déjà Bpifrance depuis toujours et particulièrement depuis le début de cette crise auprès des entrepreneurs, et ainsi, auprès de leurs équipes partout en France, par son activité originelle et son rôle pivot dans les plans de relance. Ce n’est pas seulement un rôle financier, économique et social, mais aussi celui singulier que Nicolas Dufourcq veut lui faire jouer de psychobanque. La relance de la confiance est LA priorité. Tous les acteurs doivent s’y essayer…Dans la fonction, je dirais même – la mission de réseau social d’entrepreneurs de Bpifrance – est au cœur de la « relance de la confiance ». Car pour redémarrer, nous aurons à jouer individuellement et collectivement les funambules, nous aurons plus que jamais besoin d’accepter de prendre des risques, mais aussi de bénéficier d’une réelle bienveillance. L’ensemble des acteurs, les banques en première ligne, devront être à ce rendez-vous. Bpifrance le sera et doit jouer un rôle d’impulsion auprès de ses partenaires. Cette énergie aura force de conviction et d’action, on ne peut que l’espérer.
Quel conseil donneriez-vous à Bpifrance et aux collaborateurs pour garder un angle d’attaque et continuer à servir l’avenir ?
Il faut inventer des outils financiers pour aider les secteurs les plus touchés que l’on a déjà cités… Servir l’avenir, c’est en premier lieu, faire en sorte que nous ayons TOUS un avenir. Résilience et confiance, c’est le vaccin sociétal indispensable pour résister à la Covid 19 ! Les équipes de Bpifrance doivent le comprendre et agir dans ce sens. Il faut désormais, plus que jamais, être détecteur de potentiels. A cet égard, le dernier rapport de l’Institut Montaigne « Les quartiers pauvres ont un avenir » qui vient d’être publié est à lire. Il s’intéresse tout spécifiquement au potentiel économique de ces quartiers, il renverse une perspective et des solutions (trop) traditionnelles. Il nous faut plus globalement nous équiper d’un nouvel œil, d’un nouveau regard. Ce n’est pas seulement un angle d’attaque, mais également un acte de résistance. Plus cet engagement sera clair et audible, plus il sera contagieux et nous pourrons cette fois nous en réjouir…
Robert ZARADER
PrésidentRobert Zarader est expert de la stratégie de communication corporate, des relations institutionnelles et média, et des problématiques d’accompagnement du changement. Il a co-écrit en 2008 le livre La bêtise économique puis coordonné en 2021 un ouvrage collectif, l’Abécédaire de la réconciliation, dont une nouvelle version est parue en juin 2024.
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